Selon l’ANAPEC, la région du Nord doit recruter près de 14 000 candidats pour la période 2012-2014. Automobile, agroalimentaire et offshoring constituent les principaux secteurs où le manque se fait sentir.
Zone franche, port Tanger Med, usine Renault, zone industrielle de Melloussa… Il y a plus de cinq ans, les premiers jalons d’un pôle économique fort et ambitieux ont été lancés en grande pompe dans la région de Tanger-Tétouan. Qu’en est-il aujourd’hui ? La région est-elle toujours attractive ? Selon l’enquête de veille prospective sur l’emploi au Maroc de l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC), la région recense un besoin en recrutement de près de 14 000 emplois
pour la période 2012-2014, la plaçant ainsi en troisième position en termes de besoins exprimés après la région du Grand Casablanca et celle de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. L’étude montre également que 50% des opportunités concernent principalement le secteur de l’automobile (6 747 emplois), suivi de l’agroalimentaire (3 208) et l’offshoring (1 586).
D’autres demandes concernent les secteurs des services, l’industrie, le tourisme, l’éducation, le transport et logistique ainsi que la distribution.
Par métier, les besoins sont principalement concentrés sur les opérateurs automobile (4 438 emplois), suivis des ouvriers agroalimentaires (3 135), agents d’assemblage (1 680), attachés commerciaux (810), téléconseillers (758), agents de sécurité (310), équipiers (250), employés de libres services (190), caristes (180) et enfin les enseignants (136).
Toutefois, le marché connaît un certain déséquilibre. Selon Said Balhadj, consultant RH et enseignant chercheur à l’Ecole nationale de commerce et de gestion de Tanger (ENCG), la bataille se situe au niveau des techniciens spécialisés. Aujourd’hui, la plupart des écoles de commerce et d’ingénierie de la région forment des Bac+5 qui ont souvent du mal à trouver du travail, surtout dans les PME alors que les besoins exprimés par les entreprises concernent principalement des Bac+2, notamment dans le domaine de l’automobile, l’aéronautique et bien d’autres métiers. Le projet du Centre de formation aux métiers de l’automobile (CFMA), lancé par l’Etat marocain et le groupe Renault, est venu en quelque sorte remédier à la problématique.
La région n’est pas encore compétitive en matière de salaires
Le centre est ouvert pour près de 250 stagiaires et les formations dispensées portent notamment sur l’hydraulique, l’électrotechnique, la mécanique, l’automatisme, la robotique, la soudure…Il s’agit du premier centre situé sur le site de Renault. Un deuxième est également prévu dans la zone de Melloussa-Tanger.
Toujours est-il que les autres profils ne sont pas en reste. Responsables RH, commerciaux, responsables achats, responsables qualité…continuent d’être sollicités sur le marché.
Seul bémol, les entreprises ont du mal à recruter des cadres et des cadres supérieurs. La principale raison est que la région n’est pas encore compétitive en matière de salaires. La rémunération est inférieure de 10 à 20% à ce qui est proposé à Casablanca ou Rabat. Ils acceptent donc difficilement la mobilité géographique.
Du point de vue sectoriel, les professionnels du BTP ont été dépassés par la croissance. Outre la montée des prix des matières premières et de celui du foncier, ce secteur est actuellement en proie à une pénurie de main-d’œuvre. Il faut aller la chercher jusque dans la région du Sud.
Le secteur du tourisme offre également des opportunités pour les demandeurs d’emploi. L’hôtellerie-restauration connaît une bonne croissance. Les établissements sont à la recherche de profils confirmés, et ce, dans plusieurs domaines. De nouveaux projets touristiques à fort potentiel de développement viennent renforcer la capacité hôtelière de Tanger de manière à en faire une destination différenciée, attractive, diversifiée et compétitive. Tanger sera destinée à accueillir plus de 15 000 lits à l’horizon 2015, soit plus de deux fois la capacité actuelle.
Parmi les grands projets qui sont en instance de réalisation à Tanger figurent la zone touristique Ghandouri qui est destinée à accueillir, entre autres, des hôtels, des maisons d’hôtes et des riads mais aussi la reconversion de l’ancien port en zone d’activités touristiques.
Il faut dire d’emblée que les besoins en termes de profils dans ce secteur s’annoncent difficiles à combler et pour cause, outre la maîtrise du métier, les exigences en termes de langues et présentation sont de plus en plus élevées. Sans oublier que le secteur connaît un fort turn-over dû en grande partie à la concurrence étrangère. Les profils les plus pointus préfèrent s’expatrier dans les pays du Golfe ou en Europe pour des raisons de salaire ou d’évolution de carrière.
Autre activité qui recrute : les centres d’appels. Bien évidemment leurs besoins portent sur les téléopérateurs, les téléconseillers ou encore les superviseurs. Cependant, les personnes qualifiées manquent cruellement dans ce domaine comme le précisent les spécialistes du recrutement. Sur 500 demandes d’emploi, il faut compter en moyenne 5 personnes valables ayant une bonne maîtrise des langues et une aisance dans la communication. Ce chiffre reflète le décalage qui existe entre les profils désirés et ce que l’on trouve sur le marché.
Face à cette pénurie de candidats, «les entreprises locales ont un double challenge. Elles doivent aussi bien recruter des profils pointus que fidéliser leurs effectifs, de peur qu’ils aillent ailleurs là où l’herbe est plus verte, surtout chez les groupes étrangers», constate Ahmed El Meslouti, consultant RH. Certaines industries, notamment le textile, ont enregistré ces dernières années des taux records de turn over.
B.Hind
Source: LA VIE ECO
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